Comment lutter contre la concurrence des tomates marocaines
Pour tenter de faire face à la concurrence croissante des tomates cerises marocaines sur le marché français, un rapport recommande de réviser les prix d’entrée des tomates et d’instaurer un dialogue constructif avec les filières du Maroc.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Si les tomates marocaines répondent aux besoins du marché français en période hivernale, elles font aujourd’hui de plus en plus concurrence aux productions françaises en période de production, notamment dans le pic estival (de juin à août), lors duquel le prix d’entrée préférentiel de l’accord avec le Maroc ne s’applique pas. » Voici le constat dressé par le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) dans un rapport publié le 30 janvier 2025.
Les préférences de l’accord entre l’Union européenne et le Maroc, instaurées en 2012, sont-elles en cause ? (lire l'encadré) Comment rendre le mécanisme du prix d’entrée plus opérant sur le marché des tomates ? Pour le CGAAER, « le mécanisme ne permet plus de répondre totalement aux objectifs qui étaient le sien lors de sa négociation ». L’organe de conseil partage ses conclusions afin de répondre aux attentes des filières, envisageant en particulier la piste d’une révision des prix d’entrée et de la valeur forfaitaire à l’importation des tomates.
Solliciter une révision des prix d’entrée et valeurs à l’importation
Face à la concurrence de la provenance marocaine sur le marché français, le rapport du CGAAER propose de modifier les prix d’entrée qui correspondent aux nouveaux codes douaniers entrés en vigueur en janvier 2025. Ces derniers concernent les calibres de tomates inférieurs à 47 mm de diamètre ou encore les tomates en grappes.
« La modification seule du prix d’entrée préférentiel de l’accord UE Maroc que demande la filière n’est pas de nature à résoudre totalement le problème de la concurrence », explique le CGAAER, puisque ce prix d’entrée à 0,46 €/kg ne s’applique qu’en dehors de la saison de production de la tomate en Europe, c’est-à-dire du 1er octobre au 31 mai. Il propose ainsi d’utiliser l’entrée en vigueur de ces nouveaux codes douaniers « pour solliciter avec d’autres États membres auprès de la Commission européenne une modification concomitante des VFI [valeur forfaitaire à l’importation] et des prix d’entrée correspondant à ces nouveaux codes. »
« Si une révision des prix d’entrée était menée à bien pour tenir compte des trois nouveaux codes douaniers, une modification consécutive de l’accord UE-Maroc pour les prendre en compte serait souhaitable, à la condition qu’elle soit ciblée sur l’ajout des seules nouvelles nomenclatures de tomates fraîches et puisse se faire avec l’accord des autorités marocaines », souligne le rapport.
Dialogue constructif entre filières françaises et marocaines
Parmi les autres pistes envisagées, le CGAAER invite à explorer des pistes pour réduire le différentiel de coût de main-d’œuvre, qui améliorerait la compétitivité de la filière française, « puisque le prix est un élément essentiel du comportement d’achat des consommateurs ».
Par ailleurs, dans le cas d’une modification des prix d’entrée, pourrait être intégré complémentairement une « révision dynamique des seuils, fonction de la réalité des marchés, ne serait-ce que pour prendre en compte le critère d’inflation », propose le rapport. Il s’agirait d’un signal positif donné aux producteurs européens de fruits et légumes.
Mais « la seule solution de court terme semble être celle d’un dialogue constructif entre filières professionnelles françaises et marocaines portant sur les volumes d’exportation de tomates cerises marocaines pendant les pics de production français. »
Concurrence croissante des tomates marocaines
Depuis son instauration en 2012, l’accord entre l’Union européenne et le Maroc sur les produits agricoles a accordé des préférences tarifaires aux exportations marocaines de tomates fraîches. En conséquence, les producteurs marocains ont réorienté leurs productions et exportations vers des variétés de petit calibre et à plus forte valeur ajoutée, telles les tomates cerises. « Cette évolution a d’autant plus été encouragée par les autorités qu’elle répondait à la demande des marchés, y compris français », note le CGAAER.
En revanche, ce ne sont pas les surfaces de tomates cultivées au Maroc qui ont augmenté, concomitamment à l’accord avec l’Union européenne, mais ce sont leurs rendements qui ont progressé, explique le rapport. En effet, les surfaces cultivées restent stables depuis 2012, aux alentours de 15 000 hectares. Cependant, les projections font part d’une croissance des surfaces cultivées au Maroc, en particulier au Sahara occidental.
De 2019 à 2022, les tomates cerises marocaines représentaient en moyenne 20 à 30 % des achats totaux contre 80 à 70 % pour les tomates cerises françaises. Toutefois, un changement de tendances s’observe sur les années 2023 et 2024 : « la part des tomates cerises marocaines a augmenté pour atteindre 40 % des achats totaux en même temps que la part des françaises diminuait pendant le pic de production français », analyse le rapport de mission. La proportion d’achats de tomates cerises françaises s’est réduite également sur les mois de septembre et octobre en 2023 et 2024, au profit de celle marocaine.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :